Ceci est un texte extrait d’une courte nouvelle intitulée Lettre d’une suicidée, de Taher El fazaa (entre autres dans Mellassine Story que vous pourriez lire ici), qui m’a particulièrement touché, et surtout lus en cette période, ou le mal du pays frappe (là ou je crois), ou le mal frappe (3laniyatan moch sekritou kima dima) plus que jamais...
" Oui bien sur tu le sais mieux que moi, puisqu’on a discuté très souvent ensemble, qu’il n’y a aucune foi retrouvée dans ces commandements rétrogrades, aucune résonance métaphysique dans ce fatras d’interdits, aucune élévation spirituelle dans ce dépôt résiduel d’une religion dénaturée par l’ignorance et la superstition.L’intégrisme, c’est tout simplement la révolte des esclaves. C’est le révolté qui a tant et tant endurée et qui un jour fait face. Il marchait ployant sous le fardeau et supportant le fouet du maître, et le voila qui fait volte-face parce qu’il ne peut plus supporter au-delà du supportable. Toute valeur n’entraîne pas la révolte, mais toute révolte invoque tacitement une valeur. Et ces gens ont pris des valeurs immédiatement accessibles, qui sont discutables mais qui ont au moins l’immense avantage d’être célestes. Je comprends très bien la réaction de ces gens, mais je n’y adhère pas, car en fait de retour à la vraie foi, ils nous proposent en attendant de pouvoir nous l’imposer, un retour vertigineux aux ténèbres du passé avec un rétrécissement de la bastonnade canonique, l’amputation des mains, le retrait de la femme du circuit économique, le retour à la polygamie et mille autres réformes de ce goût. C’est vrai qu’on nous propose des pratiques obscurantistes et rétrogrades, et pourtant c’est une lame de fond qui va tout emporter sur son passage, parce que c’est quelque chose qui vient du peuple, de la masse, de la multitude, cela est comparable a un immense essaim de criquets qui mue, qui se prépare à prendre son passage, on en tuera des millions, mais les autres dévasteront tout et ne laisseront que ruine et désolation.
Nous n’y pouvons rien, ainsi le veulent les lois de la biologie et de l’histoire, mais moi je ne veux pas assister a ça, je ne veux pas vivre cette révolte des esclaves, qu’elle soit matée ou non, car je n’adhère ni à l’idéologie du maître, ni à l’idéologie de l’esclave, et j’ai pleine conscience de l’horreur qui nous attend. Tu vois Ridha, je suis au bout du rouleau. Je ne peux plus vivre de cette façon, c’est indécent, c’est indigne d’un être humain évolué, d’exister de cette façon car je ne vis plus, j’existe, c’est tout.
La vie est si belle Ridha, je la quitte à regret, et maintenant que je suis tout près d’accomplir le geste fatidique, je comprends mieux les suicidés. Je crois que ce sont les gens qui sont les plus attachés à la vie qui se suicident le plus souvent, car ils en apprécient toute la beauté et sont malheureux de passer à coté. Ils sont attachés à la vraie vie non à cette vie médiocre, dégradante, infâme. Je crois aussi que se sont les êtres les plus sensibles qui et les plus intelligents qui deviennent fous, un crétin ne devient jamais fou, il est crétin et c’est tout. Je crois que les ivrognes, les marginaux, les drogués, sont meilleurs que le commun des mortels, parce qu‘ils refusent l’ordre établi par les médiocres. Je crois que les gens continuent à s’accrocher à la vie la plus misérable et à subir les pires humiliations, uniquement parce qu’ils ont peur de la mort, pourtant inéluctable.
Moi je préfère abréger, arrêter cette farce sinistre. Vivre comme une herbe comme un brin de gazon, d’une vie organique ne m’intéresse pas. ‘’To be or not to be, that is the question’’ disait Shakespeare, ce n’est que maintenant que j’ai compris le sen exact de cette phrase. Il ne l’emploi pas dans le sens des nihilistes ou des existentialistes pour juger si elle est absurde ou pas, il l’emploi dans le sens de la dignité humaine. Il ne s’agit pas de savoir si la vie est digne d’être vécue, mais si on peut la vivre dignement ou non.
Pour ma part c’est non, je ne veux pas vivre dans la médiocrité, je ne veux pas vivre dans la nullité, je ne veux pas vivre dans l’indignité, alors je m’en vais. ’’Anywhere out of the world’’.
Adieu mon amour."
Je termine avec ce petit gribouillage écrit entre deux rêves ou cauchemars
J’ai envie de me pencher, de m’accrocher à un tronc d’arbre et sauter, ressentir la corde qui se serre, jouir du plaisir qu’elle me sert.
J’ai envie de monter le toit de l’immeuble, et sauter en criant 'n7ebbek bledi', en fermant mes yeux sur les cornes de Bougarnine, mon premier amour .. l’avant dernier.
J’ai envie de vider en une seule seconde touts les comprimés supposés me reposer dans mon estomac, comme lorsque je te vidais en une seule nuit dans mon vagin.
J’ai envie d’une douche d’essence et de m’allumer en cigarette à la mort.
J’ai envie d’embrasser le train, même s’il viendra en retard je l’attendrai cette fois.
J’ai envie d’en finir, d’arrêter, d’enfin dormir sans penser, de calmer une tête en bouillis.
J’ai envie de monter le toit de l’immeuble, et sauter en criant 'n7ebbek bledi', en fermant mes yeux sur les cornes de Bougarnine, mon premier amour .. l’avant dernier.
J’ai envie de vider en une seule seconde touts les comprimés supposés me reposer dans mon estomac, comme lorsque je te vidais en une seule nuit dans mon vagin.
J’ai envie d’une douche d’essence et de m’allumer en cigarette à la mort.
J’ai envie d’embrasser le train, même s’il viendra en retard je l’attendrai cette fois.
J’ai envie d’en finir, d’arrêter, d’enfin dormir sans penser, de calmer une tête en bouillis.
(Excusez moi pour ce moment de ta3assa…c’est pas de mes habitudes..)
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